Entre Mignovillard et Nozeroy, un ensemble conséquent de croix de village est visible sur ViaCluny.fr, petit patrimoine touchant et fragile souffrant des intempéries.
Au cœur des villages, une croix s’élevait généralement non loin de l’église, dans le cimetière ou à proximité immédiate : c’était la croix de la paroisse. D’autres étaient érigées ici ou là, servant parfois à délimiter les pâturages ou les territoires, bornant un finage communal ou paroissial : bornes et croix pouvaient se côtoyer pour mieux marquer une limite, pratique se retrouvant dans les massifs forestiers jurassiens. Lors des processions des Rogations, célébrations religieuses visant à demander la protection des récoltes, ces croix étaient bénies.
L’utilisation la plus fréquente des croix était de créer un espace sacralisé : c’est ainsi que l’on trouve encore quelques villages présentant des croix les environnant aux quatre points cardinaux. Cet espace constituait une juridiction permettant d’appliquer le droit local et définissait une zone bâtie et constructible.
Lors de la guerre de Dix Ans, la Franche-Comté est ravagée : villes et villages sont détruits, les croix également. Un premier édit ordonne leur reconstruction en janvier 1648, doublé par un second en 1674, répétant cette injonction. Les fûts des anciennes croix ont souvent été réutilisés lors de missions : il en reste de très belles à Mignovillard, Froidefontaine, Bief-du-Fourg et à Mièges. Généralement, ces croix de pierre portent sur une face le Christ et sur l’autre une Vierge à l’Enfant ou, plus rarement, un pèlerin.