Doubs et Jura

Les fruitières à Comté

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Les fruitières à Comté

Des outils de production coopératifs

La fruitière désigne aujourd’hui l’association de producteurs mettant leur lait en commun pour la fabrication d’un gros fromage à pâte pressée cuite, le comté, mais le terme dont il est issu, « fructerie », désignait autrefois le pâturage ou bien l’endroit où ce fromage était fabriqué.
C’est probablement sur les hauts plateaux du Doubs que sont apparues les premières fruitières : des chartes écrites l’attestent pour Deservillers (1267) et Levier (1264). On retrouve aussi mention de ce terme dès 1272 dans le cartulaire des seigneurs de Châlon, sires de Nozeroy, où il est question des « fromaiges de fructerie ». Il est certain que les fromages apparaissent très tôt dans les redevances (Mouthe, 1296), celui le plus généralement fabriqué étant le « vachelin ». A Mouthe, ces fromages pèsent autour de quinze livres en 1587. Leurs qualités font leur succès : ils sont bons, se conservent longtemps et voyagent sans s’abimer. En 1654, le parlement de Dole prétend interdire la fabrication du vachelin, trouvant que « le nombre des fruitières est excessif et inquiétant de ce que la vente des fromages, s’effectue surtout en dehors de la province ». La province devrait vivre de sa production et non l’exporter !
C’est entre entre les grandes voies de communication comme la route de Besançon ou de Salins, que se trouve le plus grand nombre de fruitières, la proximité des salines permettant de saler à bon prix : des conditions idéales pour la fabrication comme pour la vente. Dans le canton de Levier, douze communes sur quinze ont des fruitières de très grande ancienneté ; dans celui de Mouthe, ce sont treize sur vingt-quatre ; dans celui de Montbenoit, dix sur dix-sept ; à Pontarlier, dix-sept sur vingt-six ; pour Morteau, quatre sur huit.
Après la guerre de Dix ans, la montagne jurassienne retombe en friche, la population ayant été décimée par la guerre et la peste ou ayant émigré. « Le pays était ruiné, sans bétail, ni semé en toutes ses parties, les villages abandonnés… », témoigne Girardot de Nozeroy en 1642. A la même époque, les régions suisses de Fribourg et de Gruyères manquant de pâturages, leurs pâtres viennent estiver dans le Jura. A leur suite, les fruitiers fribourgeois viennent y fabriquer les fromages. Après la conquête de la Franche-Comté par la France, l’intendant de Franche-Comté constate : « Le pays des montagnes bien qu’il n’y croisse que de l’avoine, de l’orge et autres menus grains, ne laisse pas d’être le plus riche de toute la province, par la quantité de bestiaux qui s’y nourrissent. »
Le temps passe, la taille des fromages augmente : les vachelins pèsent de quarante à soixante livres en l’an 8. Puis, au 19ème siècle, le vachelin devient du gruyère. Des marchands viennent acheter la production, enfermant les fromages dans des tonneaux en sapin de production locale. Ils sont expédiés vers la quasi-totalité des départements maritimes de France pour servir aux embarquements : la montagne de Franche-Comté vend ses sapins pour faire des mâts de bateaux, les marins mangent son fromage ! Avec les fruitières, le Haut-Jura comtois a créé un outil de production communautaire original permettant à chacun de tirer un revenu de sa production, du paysan possédant deux vaches et peu de lait à celui en comptant dix. Un exemple encore en vigueur aujourd’hui, à l’image du village jurassien Plasne, vivant au rythme de sa fruitière.
En 1952 le comté gagne son nom et une définition de sa zone de production (l’ancienne province du Comté de Bourgogne) avant d’obtenir une AOC en 1958, puis une AOP, reconnaissance européenne, en 1996. A  déguster sur votre randonnée ViaCluny.fr !

Durant l'affinage

Durant l'affinage

Cave d'affinage dans le Doubs

Cave d'affinage dans le Doubs

Montbéliardes

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Pâturages

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En compagnie du Morbier...

En compagnie du Morbier...

...et d'autres congénères franc-comtois

...et d'autres congénères franc-comtois

La Maison du Comté à Poligny

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