La forêt de Chaux est étonnante aussi bien pour son patrimoine naturel que culturel. D’une superficie de plus de 20 000 hectares, elle s’étend sur les départements du Jura et du Doubs, à l’Est de Dole, et constitue la deuxième plus vaste forêt de feuillus de France après celle d’Orléans ainsi que l’un des rares grands massifs conservé quasiment d’un seul tenant. En son centre se trouve la forêt domaniale répartie entre 16 communes voisines ; 28 forêts communales viennent compléter ce vaste ensemble géré en grande partie par l’ONF (seuls 620 hectares sont privés).
Principalement peuplée de chênes, la forêt de Chaux se développe autour de huit groupements forestiers (cohabitation avec des hêtres, charmes et bouleaux) et un réseau hydrographique dense visible par la présence de nombreux ruisseaux et sources dont certaines réputées localement potables.
Les Celtes, considérant les chênes de la forêt de Chaux comme les piliers d’un temple, ils y invoquaient leur déesse mère. Pour faire oublier cette croyance païenne, les chrétiens l’ont assimilé en plaçant dans ces arbres des statuettes de la Vierge : six de ces chênes sacrés sont encore visibles aujourd’hui.
À partir du 13ème siècle, la forêt de Chaux abrita une population composée de bûcherons-charbonniers, forgerons, laveurs d’écorce… et on estime à 600 le nombre de personnes qui y séjournaient encore au début du 19ème siècle et dont le site des Baraques du 14 conserve le souvenir. Les possibilités offertes par les ressources en bois de chauffage de la forêt de Chaux ont déterminé le choix de l’emplacement de la saline royale d’Arc-et-Senans à proximité en 1775. Une importante verrerie a également fonctionné à La Vieille-Loye de 1295 à 1931 et les forges de Rans et Fraisans furent aussi implantées à proximité immédiate.
Les colonnes-guidons sont l’une des curiosités de la forêt de Chaux et renvoient également à l’époque où la forêt était un lieu de vie et de travail puisque huit « bornes-guidon » ont été commandées par les Eaux et Forêts au 19ème siècle et implantées aux principaux carrefours de la route du grand contour afin de guider les ouvriers de la forêt vers leur lieu de travail. L’ensemble des colonnes d’origine a été inscrit monument historique par arrêté du 5 novembre 2013. Le terme de « guidons » était le nom donné autrefois aux poteaux portant sur leur partie supérieure le nom et la direction des lieux proches.
Si une faune et une flore importante font l’objet de divers classements, la forêt de Chaux est surtout connue pour avoir abrité l’un des plus beaux spécimens français de cerf élaphe, surnommé Vincent (originellement en référence à ses vingt cors) : âgé de 16 à 19 ans en 2019, il aurait eu au moins vingt-quatre cors à cette période, fait rarissime à l’état sauvage. Vincent est mort en 2023.