La région de Franche-Comté recèle un grand nombre de tourbières d’altitude qui se sont mises en place quelques milliers d’années après le retrait des glaciers. Après ce phénomène, des lacs se sont installés dans des dépressions sur la moraine imperméable. Ces lacs, en se comblant peu à peu, se sont transformés en tourbières, marais alimentés par les eaux de ruissellement et colonisés par les mousses. Dans l’eau, la décomposition des débris végétaux est très incomplète à cause de l’absence ou de la rareté de l’oxygène, aboutissant à la formation de la tourbe. Les sphaignes s’installent, en croissant par le haut, leur base se transformant en tourbe acide.
À mesure que l’épaisseur de tourbe augmente, la tourbière devient bombée, les parties les plus hautes, éloignées de la nappe d’eau s’assèchent et ne permettent plus aux sphaignes de croître. Elle est alors colonisée par la callune ou l’andromède et des arbres comme les bouleaux s’y installent. Dans ce milieu, la flore est d’une grande diversité : canneberge, airelle des marais, nombreuses orchidées, œillet superbe, primevère farineuse, plantes carnivores comme la drosera à feuille ronde, la grassette…
La faune est également remarquable, notamment l’avifaune : bécassine des marais, râle d’eau, grèbes huppés, hérons, mais aussi papillons, libellules, amphibiens et reptiles dont la péliade noire.
Au 18ème siècle et au début du 19ème le bois, surexploité, est rare et cher. Pour pallier la pénurie de bois de chauffage, les tourbières sont exploitées, la tourbe étant combustible : il s’agissait du charbon du pauvre. La tourbe était taillée en briquettes mises en tas, rentrées à l’automne et séchées pendant un an avant de pouvoir être brulées. Cette exploitation a blessé ou détruit ces écosystèmes fragiles qui en portent encore les traces de nos jours.