La frontière établissant la séparation entre la France et la Suisse constitue un patrimoine étonnant visible sur ViaCluny.fr, racontant l’histoire de la région frontalière.
En 1477, après la mort de Charles le Téméraire, le Comté de Bourgogne devint fief d’Empire, la Savoie et le Comté de Neuchâtel le voisinant aux frontières de l’Est. Au cours des années suivantes, des traités sont établis : des cartes, très imprécises, et des vues cavalières les complètent à partir du 16ème siècle et un abornement est effectué. Jusqu’alors, c’étaient les limites des seigneuries qui faisaient office de délimitations.
Les bornes frontières sont généralement des pierres taillées plantées solidement dans la terre. Certaines bornes portent plusieurs couches de gravures d’époques différentes, témoins des changements politiques et des passages successifs des responsables de l’abornement. Les anciennes armoiries ou inscriptions ont parfois été partiellement ou totalement effacées et les couleurs ne correspondent plus à celles d’origine. Sur les faces les plus larges de la borne, se trouvent les armoiries des états ou parfois seulement une ou deux lettres. Le plus souvent, les millésimes gravés sur les bornes correspondent à l’année de leur pose et aux années où elles ont été modifiées ou déplacées. Au sommet de la borne, une ligne indique la direction de la borne précédente et de la suivante.
La frontière vers Neuchâtel était marquée par une tranchée de délimitation qui devait être de dix-huit pieds de roi de chaque côté (5,85 m) : elle est toujours visible sur la Via Cluny, après Les Petits Cernets (en Suisse), vers Germinand (côté français). La numérotation actuelle des bornes entre la France et le canton de Neuchâtel date de 1819.
Aux changements de régimes politiques et de frontières correspondent des ajustements de bornes et d’abornement mais après le traité de Paris et la défaite de Napoléon en 1815, une seule modification de frontière est actée : le passage de la commune du Cerneux-Pequignot en Suisse.
À l’heure de Schengen, la frontière sépare et isole moins qu’auparavant, on peut même dire qu’elle nous unit au passé.