Entre premier plateau et plaine de Bresse, Saint-Laurent-la-Roche est un site très étonnant à découvrir sur ViaCluny.fr. Le village, dominé par les ruines du château et le belvédère de la Madone, est posé au bord d’une échancrure, fenêtre ouverte sur la Bresse. Le plus spectaculaire ici est cette faille visible de loin et d’où l’on voit de loin.
L’origine du lieu est un prieuré attesté en 1183 et fondé par l’abbaye de Gigny. Le village, contigu à l’enceinte du château, était entouré par des murailles dotées de tours aux angles dont l’une, encore habitée en face de la mairie, présente une très belle archère-canonnière de la fin 14ème début 15ème siècle. Par un traité de pariage de 1102, les droits ecclésiastiques restent au prieur de Gigny, tandis que la haute justice revient au comte. Le château et le bourg castral deviennent les foyers moteurs de la vie économique et du peuplement.
La première mention de la chapelle qui deviendra l’église d’une paroisse importante remonte à 901. Les abbesses de Château-Chalon auront le patronage de l’église jusqu’en 1602. Agrandie à la fin du 17ème siècle et au 18ème siècle, son mauvais entretien a conduit à de nombreux effondrements. Plusieurs campagnes de restauration au cours du 20ème siècle ont abouti au classement de l’édifice au titre des monuments historiques en 1990. Une association dynamique prend soin de ce patrimoine remarquable où des vitraux historiés ont été placés en 1898.
Le château a connu des heures sombres. Huguette de Sainte-Croix d’Antigny, célèbre par sa beauté, vint habiter le château avec son époux Étienne de Dizier épousé en 1319. Une nuit de février 1328, il fut enlevé et enfermé dans une salle basse où, selon la tradition, un paysan acheté par Huguette, vint le tuer : son cadavre, jeté dans une profonde cavité dans les bois voisins, fut retrouvé deux ans plus tard. Huguette épousa ensuite Philippe de Vienne l’un des plus brillants seigneurs de Bourgogne.
Le château fut démantelé en 1570 par les troupes de Philippe II d’Espagne, en 1578 par les protestants et résista à l’invasion des troupes françaises d’Henri IV en 1595 puis fut pris par les troupes françaises en 1637 et sa garnison décimée par la peste. Défendu par Lacuzon, héros comtois, il fut complètement détruit en 1668 sur ordre des Français mais on en connaît l’allure par une gravure réalisée avant sa destruction. La place avait une importance stratégique ou symbolique suffisante pour que Louis XIV la fasse dessiner par Van Der Meulen et graver par Bauduin dans une série consacrée à la conquête de la Franche-Comté.
Des visites guidées du village ont lieu tous les mardis de l’été en juillet et août, de 14h à 18h et lors des Journées Européennes du Patrimoine.